jeudi 16 juin 2016

Musique(13): One-hit wonder

Dans le monde de la musique, il y a les stars, celles qui durent, qui marquent leur époque et/ou dominent et influencent leurs pairs.

A côté il y a ceux qui ont des carrières plus modestes, les espèces d'artisans de la chanson, connus ou estimés, qui tracent leur sillon sans avoir forcément les strass et les paillettes de la célébrité.

Il y a les chanteurs de niche que j'ai évoqués dans un autre post, qui font leur beurre sur un créneau bien particulier.

Et il y a les artistes dont le parcours se limite à ce que les anglophones appellent un one-hit wonder (en VF succès sans lendemain).

Je parle ici de ceux qui ont écrit ou interprété un tube ou deux qui ont parfois très bien marché, mais qui n'ont pas réussi à transformer l'essai et à poursuivre en faisant une vraie carrière, ou en tout cas n'ont jamais atteint le même niveau.

Ils furent très présents pendant l'ère du vinyle, essentiellement du 45 tours, qui court en gros des années 60 aux années 90, soit des yéyés à l'avènement du numérique.

Durant cette longue période où la musique dépendait du support, de nombreuses personnes tentaient leur chance en sortant un microsillon ou deux.

Le bouche-à-oreille lançait la machine ou non, les groupes distribuaient leurs galettes aux fins de concert, les radios pirates et associatives les jouaient... Si la sauce prenait, on en pressait d'autres et c'était gagné.

Une fois que le titre était devenu un succès, on préparait le suivant, voire l'album, en espérant que la dynamique se confirmerait.

Mais pour beaucoup, ce n'était pas le cas, et qu'ils le veuillent ou non, qu'ils aient arrêté après ou non, qu'ils aient du talent ou non, ils finissaient par être résumés à leur seul hit.

Certains en prenaient leur parti, acceptant la rente confortable que leur assurait le succès de leur vie, comme Patrick Hernandez qui dit tirer 1.000 euros par jour de son immortel (et insupportable) Born to be alive.

Certains artistes qui n'étaient pas des one-hit wonder ont aussi eu un titre "écrasant" à leur actif. C'était le cas de feu Screamin Jay Hawkins, qui vivait surtout de l'argent gagné grâce à son légendaire I put a spell on you, repris par des dizaines d'autres interprètes.

Beaucoup concevaient une grande amertume de cette situation, s'estimant broyés par ce titre cachant leur véritable personnalité artistique.

Le chanteur Hervé Vilard est dans ce cas: Capri c'est fini lui colle tellement à la peau depuis les années 60 qu'il n'a jamais vraiment réussi à percer pour autre chose malgré de multiples tentatives.

De même, Nino Ferrer conchiait Le Sud, pourtant le plus grand succès de ce grand amateur de jazz élaboré qui fit par ailleurs une carrière honorable, surtout dans les années 60-70.

Enfin certains one-hit wonder prenaient acte de leurs limites, arrêtaient tout et se reconvertissaient dans tel ou tel autre domaine, après une phase plus ou moins douloureuse, selon qu'ils y avaient cru ou pas (et dilapidé ou pas).

J'ajouterai à ma liste un autre groupe de chanteurs à un titre, celui des opportunistes, qui profitaient d'un moment de gloire ou d'une mode pour "sortir un disque" et se faire du pognon sur des titres vaguement débiles ou pompiers. Ou encore certains qui en poussaient d'autres à chanter, flairant le bon coup.

Je me souviens du disque de Denise Grey (la grand-mère de La boum) et son Devenir vieux, de We got a feeling des footeux Basile Boli et Chris Waddle, des honteuses galettes qu'on avait fait enregistrer à Jeanne Calment ou à Jordy, ou encore à des morceaux dansants reprenant des extraits de films comme Les visiteurs (ICI) ou d'émissions comme Ciel mon mardi (ICI).

Quel que soit leur parcours post-hit, ces oubliés du succès refont régulièrement surface depuis que la nostalgie est à la mode.

Leurs chansons ressortent dans des compils, des émissions les remettent sur scène, et des événements comme les tournées Age tendre, la tournée des idoles leur permettent même parfois de refaire un tour de piste.

Je me suis souvent demandé quel effet cela faisait de connaitre une gloire éphémère suivie d'une descente brutale, et j'ai souvent regardé les reportages sur ces one-hit wonder, qu'ils aient pu construire leur vie autour de ce moment ou que la suite ait été plus hasardeuse ou même franchement triste.

Quelques exemples
- Cookie Dingler - Femme libérée
- Patrick Coutin - J'aime regarder les filles
- David Martial - Célimène
- Visage - Fade to Grey

1 commentaire:

  1. Bon billet ! Juste une précision , Hervé Vilard a fait d'autres tubes que le célèbre "Cap-ri c'est fini" qui lui colle à la peau. Il y a "Reviens", "Nous" Méditerranéenne" qui ont cartonné dans les Hit Parade à l'époque !

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