vendredi 11 septembre 2015

Cinéma (6): Les duellistes et le code de l'honneur

Je viens de revoir le film Les duellistes de Ridley Scott.

Fasciné lors de mon premier visionnage il y a bien longtemps, j'ai retrouvé intactes mes impressions de l'époque, et regretté de ne pas avoir vu cette œuvre au cinéma.

Ridley Scott a en effet tourné ce film, en 1977, avec un soin extrême, une photo magnifique, des costumes, des éclairages et un souci de la lumière qui le rendent éblouissant d'un point de vue esthétique.

En guise de transition entre les scènes, il a par ailleurs inséré des plans fixes qui s'apparentent à de véritables tableaux de maître, augmentant l'impression de beauté classique du film.

Le scénario est une adaptation d'un roman de Joseph Conrad, qui se base lui-même sur des faits réels.

Lors des campagnes napoléoniennes, un officier, d'Hubert (joué par Keith Carradine), est provoqué en duel par un autre, Féraud (joué par Harvey Keitel), sous un prétexte fallacieux. Le combat est féroce, mais se termine avec une simple blessure pour Féraud.

Mais ce duel sera inlassablement renouvelé dans les quinze années qui suivent, Féraud s'avérant obsédé par l'idée de tuer d'Hubert, les deux personnages étant liés par l'antique code de l'honneur auxquels ils se réfèrent.

Outre des scènes de combat pleines de furie et de maestria, ce film offre un bon rendu de l'époque tumultueuse et belliqueuse des guerres impériales, de la Restauration et des Cent-Jours.

Les personnages y sont ballottés au gré des changements de régime, l'un s'y adaptant de façon un peu opportuniste, l'autre restant un bonapartiste fanatique.

Les duellistes donne aussi à réfléchir sur la notion d'honneur, encore au cœur des mentalités occidentales il n'y a pas si longtemps et toujours présente dans de nombreuses sociétés (monde arabe, Caucase, sous-continent indien, Albanie, Corse).

A travers la figure du fanatique Féraud, on voit s'emballer une mécanique où le duel est auto justifié par un code qui tourne à vide, mais auquel les héros ne peuvent s'empêcher de s'accrocher, y compris d'Hubert, pourtant pragmatique et enclin à la raison.

On pense au rite, à la religion, au contraire de l'individualisme et du libre arbitre.

On prend pleinement conscience de l'absurdité de ce système, mais à son corps défendant, on admire quand même une telle constance dans les principes et ce panache un peu désuet.

La fin est assez déroutante et ajoute encore à l'effet de ce film magistral.

(Les vrais duellistes furent François Fournier-Sarlovèze qui inspira Féraud et Pierre Dupont de l’Étang qui inspira d'Hubert).

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