vendredi 13 septembre 2013

Désir d'enfant

Il y a quelques temps je me suis retrouvé au milieu d'une discussion au sujet du désir d'enfant.

Mon interlocutrice me parlait de collègues à elle qui avaient planifié leur quatrième enfant parce que l'année qui s'annonçait était un trou dans la carrière de la femme.

Qu'un enfant soit fait pour un motif aussi futile et égoïste l'avait choquée.

Ça m'a amené à réfléchir aux raisons de mettre un enfant au monde. Finalement, ne sont-elles pas toutes égoïstes? Ne pense-t-on pas d'abord à soi en voulant un enfant? Et au final est-on moins égoïste en souhaitant des enfants ou en n'en souhaitant pas, comme de plus en plus de gens?

A l'heure de la civilisation des loisirs et de l'individu roi, la logique voudrait en fait qu'on ne veuille pas d'enfant.

En effet, un enfant est une somme de contraintes énorme et étalées dans le temps.

Avoir un ou plusieurs rejetons est une lourde responsabilité, c'est un coût non négligeable, un frein à la mobilité.

On ne part plus en vacances de la même façon, on ne peut plus travailler en décalé, sortir sur un coup de tête, etc.

Malgré cela, on fait toujours des enfants, et quand on n'en fait pas, bien souvent c'est par défaut et on le regrette. La question reste donc entière: pourquoi fait-on quand même des enfants?

Du coup, je me suis mis à faire le tour de mes connaissances devenues parents pour voir les raisons évoquées lors de leur passage à l'acte.

J'ai rencontré des gens qui devenaient parents pour ne pas être seuls.

J'en ai rencontré d'autres qui disaient qu'ils aimaient les bébés. Au passage, ça signifiait qu'a priori ils savaient ce que c'est, ce qui est de moins en moins évident vue la taille restreinte des familles et la tendance à enchainer les deux enfants dans un délai très court.

J'ai rencontré des femmes à qui être enceinte puis mère donnait un sentiment de supériorité, qui se sentaient héroïques et estimaient qu'on leur devait tout en retour.

J'ai rencontré des gens qui faisaient des enfants parce que Dieu leur en avait donné l'ordre, d'autres par patriotisme/nationalisme (il y en a, oui!).

J'en ai aussi croisé -hélas- un certain nombre qui ne faisaient des enfants que pour les allocations familiales et aides diverses. Parmi ces chasseurs de prime, certains allaient jusqu'à divorcer pour avoir en plus l'allocation de parent isolé....

J'en ai enfin rencontré beaucoup, sans doute les plus nombreux, qui l'ont fait "parce que". C'est-à-dire que le désir d'enfant n'avait pour eux pas de raison particulière, il n'était pas réfléchi, calculé.

Ils voulaient/veulent un enfant parce que ça fait partie du package, avec la voiture, le mariage et la maison, parce que quelque part la société attend ça de nous, parce qu'à partir d'un certain âge, surtout si l'on est en couple, ne pas avoir d'enfant est suspect, douteux, anormal, voir "égoïste" (on y revient).

En ce qui me concerne, je ne voulais surtout pas d'enfant pendant ma jeunesse, et puis l'envie m'est tombée brutalement dessus quand j'avais 24 ans, un jour où chez un ami j'ai été séduit par sa petite de deux ans.

Cette envie a été violente, de l'ordre de la pulsion, elle est entrée dans ma tête sans que j'y ai réfléchi, pensé ou que je l'ai conceptualisée. Elle ne m'a pas quitté jusqu'à ce que naisse mon fils, plusieurs années après.

J'y ai alors réfléchi, et je me suis demandé ce que j'attendais, ce qu'on attendait en général de la paternité/maternité et d'où venait ce besoin.

A la base, il y a encore dans le désir d'enfant quelque chose d'animal, un peu comme un prolongement de la pulsion sexuelle, même si cet instinct reproducteur est beaucoup moins prégnant de nos jours.

Il y a la volonté -un peu égoïste là encore, et plus ou moins consciente- de se créer un double, de faire un "soi-même mais en mieux", quitte à étouffer l'enfant comme on le voit parfois.

Pour moi qui ne me suis jamais remis d'avoir quitté le monde de mon enfance, il y avait l'envie de transmettre tout ce vécu, de prolonger la chaîne d'où je me sens venir. Quelque part, avoir un enfant c'est l'illusion de ne pas disparaitre avec la tombe (du moins tant que vivront des gens qui nous ont connus).

Il y a aussi parfois le calcul cynique (et hasardeux !) d'avoir quelqu'un pour s'occuper de soi pendant ses vieux jours.

Parmi tout ça, rien d'altruiste, rien de rationnel, et quand même de l'égoïsme. Rien de net et de définitif non plus.

En tout cas, si l'arrivée du contrôle des naissances est une date majeure dans l'histoire de l'humanité, parce qu'aujourd'hui on peut décider d'avoir ou non des enfants et quand les avoir, cette liberté complique finalement les choses.

Et il y a quelques générations, à l'époque où les enfants c'était simplement quelque chose qui arrivait, comme le mauvais temps ou les maladies si on veut, cette question aurait semblé bien singulière et ridicule.

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