mardi 11 juin 2013

Etat de la France (3): Neuilly, capitale de la France politique

Votant consciencieusement depuis ma majorité, jamais militant mais ayant eu des convictions et étudié les programmes, je suis comme beaucoup de gens de plus en plus désenchanté par notre classe politique.

Plus le temps passe, et plus j'ai l'impression que la politique reste une affaire de famille, de "caste" et aussi une sorte de carrière.

Un simple examen des élections auxquelles j'ai pu assister ou participer le souligne aisément.

Je distingue plusieurs profils.

Tout d'abord, il y a les familles de politiques.

On sait ainsi que Martine Aubry est la fille de Jacques Delors et qu'elle occupe au sein du PS une place aussi importante que son père.

On peut aussi citer le couple Royal / Hollande, qui se sont présentés successivement comme candidat PS à l'élection présidentielle, respectivement en 2007 et en 2012, affrontant chacun à leur tour le même Nicolas Sarkozy.

A propos de ce dernier, l'affaire de l'EPAD, où son fils, sans diplôme ni expérience, a failli se retrouver à la tête d'un des plus importants centres d'affaires du continent avait suscité un tollé, mal compris des intéressés tant cette pratique est courante (on se souvient du parcours de Jean-Christophe "Papa-m'a-dit" Mitterrand, par exemple).

Le summum dans le style est tout de même la dynastie Le Pen, Si le fondateur du FN, Jean-Marie, a un parcours atypique puisqu'il est vraiment sorti du rang, il a ensuite imposé sa fille à la tête de son parti, puis sa petite-fille est devenue la seule députée FN au parlement. Difficile de faire mieux.

Après les familles, il y a la caste, ce que certains appellent l'énarchie.

Entendons-nous bien, je ne remet pas en cause les compétences de ceux qui suivent cette école, dont l'enseignement est réputé dans le monde entier et donne des gens brillants.

Simplement, je suis choqué par le côté incontournable de ses diplômés dans notre classe politique, côté tellement incontournable qu'il donne l'impression que l'ENA est une caste, un passage obligé et que la direction du pays est réservée à ses titulaires.

On est arrivé à un tel stade que François Hollande, Ségolène Royal et Dominique de Villepin, trois personnalités de premier rang et de bord différent, étaient de la même promotion de l'ENA. Ça se passe de commentaire.

Imaginerait-on aujourd'hui un Pierre Bérégovoy, premier ministre sans baccalauréat à Matignon? Cela semble bien impossible.

Enfin, la dernière illustration de ce côté microcosme de notre classe politique est l'élection présidentielle de 2012:

- Le candidat sortant, Nicolas Sarkozy, était maire de Neuilly-sur-Seine.
- Son challenger, François Hollande, avait passé sa jeunesse à Neuilly-sur-Seine.
- La troisième candidate en nombre de voix, Marine Le Pen, est née à Neuilly-sur-Seine.

Que les trois principaux candidats à l'élection présidentielle d'un pays de plus de 60.000.000 d'habitants aient tous un lien direct avec une commune de 60.000 habitants (qui est aussi une des plus riches de France) interpelle un peu. Certes elle est francilienne donc proche géographiquement du pouvoir, mais tout de même.

Sans aller jusqu'au "Tous pourris", ces quelques exemples illustrent parfaitement bien le problème qui se pose à notre pays, avec une classe politique dont les compétences ne sont pas forcément à remettre en cause, mais qui vit isolée dans sa bulle, dans un cercle fermé et semble complètement déconnectée de la réalité du pays.

Dans ces conditions, qui peut encore s'identifier à eux? Qui peut se sentir représenté par eux?

Ce n'est certainement pas nouveau, cela ne concerne pas que la France (pensons à la dynastie Bush par exemple), mais c'est préoccupant.


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