dimanche 15 décembre 2013

Musique(7): Folk & country

Quand j'étais plus jeune, je détestais le bal musette, le flonflon, la musique populaire dite franchouillarde. Pour moi tout cela se rattachait aux beaufs, aux ringards, aux gros nazes bas du front, nappes à carreaux et rouge qui tâche, etc.

De même, la country et tous ses dérivés me semblaient extrêmement chiants et inintéressants. C'était la musique des conservateurs, des ploucs racistes.

Je ne jurais que par ce qui était "moderne", à savoir le Top 50 dans un premier temps (ne pas rire!), le hard rock dans un deuxième, puis d'une manière plus générale, le rock, pourvu qu'il ne soit pas "commercial", mot terrible qui valait condamnation pour n'importe quel artiste.

Bref, j'étais jeune, donc con, et à fond dans ce trip d'enterrer ses prédécesseurs et de rechercher l'absolu, le désintéressé, le "pur" dans la musique.

Puis j'ai grandi. J'ai commencé à aller un peu plus loin, à lire sur le sujet, à remonter les racines des influences de mes artistes favoris.

Cela m'a tout d'abord mené au blues, dont plusieurs titres étaient repris par quelques groupes ou chanteurs que j'aimais: Animals, Aerosmith, Led Zeppelin, les Doors...

Pendant un long moment, j'ai donc consciencieusement emprunté des CD dans la médiathèque où j'avais mes habitudes, découvrant John Lee Hooker, Rufus Thomas, Sonny Boy Williamson II, Howlin Wolf ou encore B.B. King et Muddy Waters.
A mon grand regret à l'époque, je n'ai pas accroché plus que ça...cette musique était certes sympa, mais il lui manquait généralement quelque chose pour me parler, pour vraiment me toucher.

Le rock venant d’un mélange blues et country, et la country se prolongeant dans le folk, je découvris aussi cet univers du folk, dont les artistes connurent leur âge d'or à peu près à la même époque qu'une grande partie de mes artistes favoris.

L'esprit folk me semblait intéressant, ce retour aux racines populaires de la musique, cette volonté de s'inscrire dans les chants simples du passé pour faire une musique engagée qui soit directe et sans fioritures.

J'écoutais donc Crosby, Still, Nash & Young, Joan Baez, Bob Dylan, etc.

Mais là encore, cette musique m’a laissé plutôt froid. Il faut dire que contrairement au blues ou au rock, le folk fait la part belle aux paroles. Et ces paroles, ben elles sont en anglais, et l'anglais chanté...ce n'est pas ma langue maternelle, c'est aussi bête que ça.

Il y avait aussi dans le folk pré cité un côté extrêmement politisé, dans le sens souvent simpliste du terme, qui m'a rapidement fatigué.

Les chansons à messages c'est bien, mais la musique c'est aussi quelque chose qui doit parler aux tripes, donner du plaisir, divertir. Bref, j'accrochai encore moins qu'au blues.

Toutefois, je continuai à creuser pour découvrir la riche histoire de la country américaine dont se réclamait les folkeux des seventies.

Cette musique résulte elle-même d'une fusion des mélodies apportées par les émigrants européens qui construisirent les USA.

On y trouve énormément de traditionnel anglo-saxon et irlandais (il semble que ces derniers ont été particulièrement populaires), des danses allemandes, polonaises et...françaises.

Via le Canada et la Louisiane, où naquirent les styles spécifiques cajun et zydeco, la musique populaire française a en effet marqué la country nord-américaine d'une façon étonnante et souvent méconnue de ce côté de l'Atlantique.

Cette découverte m'entraina logiquement vers l'écoute de musique québécoise et cajun.

La pop de la Belle Province me laisse généralement froid. A vrai dire, à part Lynda Lemay et son humour ravageur (par exemple ce titre fétiche pour moi), je la trouve en général aussi ennuyeuse que la musique irlandaise.

La musique de Louisiane m’a paru plus sympa, plus "noire" sans doute aussi. Beausoleil, Clifton Chénier & co m'ont un peu plus parlé, mais sans vraiment me conquérir.

Au final, après tous ces détours, je suis revenu à la source, c'est-à-dire à mon pays. J’ai vu que le mouvement folk avait également touché la France dans les années 70, produisant quelques groupes qui revisitèrent le patrimoine musical de l’Hexagone.

Étrangement, cette scène n’a pas vraiment émergé et reste aujourd’hui confidentielle, à l’exception des provinces périphériques à l’identité très forte, comme la Bretagne ou la Corse, omniprésentes quand on parle de folk français.

C’est d’autant plus dommage que la France possède un fond très riche et une longue histoire, mais on préfère en général écouter ce qui vient de l’extérieur.

Je suis aussi revenu vers des sonorités plus modernes en découvrant qu’il existait tout un courant, essentiellement américain, qui mêlait les rythmes et instruments des musiques traditionnelles à une énergie plus contemporaine, voire un esprit punk.

Plusieurs me séduisirent, comme Violent Femmes ou Sixteen Horsepower.

Que retenir de toutes ces pérégrinations musicales ? Plusieurs choses.

Tout d'abord la vérification d’une série de clichés qui disent qu’au fond il faut se méfier des étiquettes, que la musique se réinvente sans cesse et que les influences ne cessent de se mêler. Qui peut dire d’un morceau qu’il est blues ou country ? Qui peut dire d’où vient tel ou tel air ?

Le deuxième point concerne mes goûts. Je suis devenu plus tolérant, plus ouvert, moins dogmatique. C'est aussi dû à l'âge, mais le fait est que je fais maintenant "mon marché" de manière plus décomplexée, sans chercher l'arrière-plan des chanteurs.

Enfin, j'ai constaté que dans toutes les musiques traditionnelles que j’ai pu écouter, françaises, anglo-saxonnes ou autres (maghrébines, roumaines...), je retrouve des points communs, une espèce de mélancolie, une façon de chanter, une narration commune, que je comprenne la langue ou non.

Et ces styles me touchent de plus en plus. Même dans le musette honni j'ai parfois trouvé une forme de poésie touchante, comme lorsque l'accordéon pleure dans les chansons de Jacques Brel.

Quelques illustrations

- des titres rock qui m’ont fait écouter le blues
* Boom boom par les Animals et par John Lee Hooker
* Walking the dog par Aerosmith et par Rufus Thomas
* Bring it on home par Led Zeppelin et par Sonny Boy Williamson II
* Back door man par les Doors et par Howlin Wolf
* Where did you sleep last night par Nirvana et par Leadbelly

- De la musique de Louisiane
* Beausoleil : Cajun party
* Clifton Chénier : Zydeco sont pas salés

- Du néo-folk français
* Malicorne : Le luneux, Le bouvier
* Angelyn Thierry : La complainte de Mandrin

- De l’alternative country américaine
* Sixteen Horspower: Black soul choir, Sinner man

- Du traditionnel d'ailleurs
* Guillermo Portabales (Cuba) - El Carretero


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mardi 10 décembre 2013

Musique(6): Musique mécanique

Dans un précédent post, j'ai parlé des instruments de musique inventés au cours du XXième siècle. Je continuerai dans cette veine aujourd'hui en parlant d'un instrument qui m'a toujours fasciné: l'orgue de Barbarie.

Comme tous les orgues, cette étrange machine, qui existerait depuis le XVième siècle, fait partie des instruments à vent. C’est-à-dire que les sons qu’elle produit sont issus d’un passage d’air dans des tuyaux, et non de la frappe de cordes comme par exemple le piano.

Dans cette famille, elle se rattache au sous-groupe des instruments qui n’utilisent pas directement le souffle du musicien pour produire des notes, mais fonctionne avec de l’air envoyé par des soufflets.

Les autres orgues fonctionnent aussi sur ce principe, y compris les orgues d’église. D’ailleurs, avant la mise en place des souffleries électriques, un malheureux, caché dans la machinerie, devait y pomper de manière régulière pendant les offices ou concerts, et de sa constance dépendait la qualité de la musique produite.

Les cornemuses aussi fonctionnent sur ce principe : le musicien souffle pour remplir le sac d’air, et cet air est insufflé a posteriori dans les pipes de son instrument.

Dans le cas de l’orgue de Barbarie, les soufflets sont remplis à l’aide de la manivelle actionnée par le « musicien » (un bien grand mot ici).

En revanche, et c’est là où l’on touche au génie de l’instrument, cette manivelle ne fait pas que pomper comme pour un orgue classique. Elle « lit » aussi la musique, fidèlement restituée sans avoir besoin d'une dextérité particulière puisque la façon de tourner n’a d’influence que sur la vitesse d’exécution du morceau.

Cette musique a préalablement été codée sur une longue bande de papier cartonnée que la manivelle entraine à l’intérieur de l’appareil. Ce codage est effectué en transcrivant la partition en un ensemble de perforations.

Schématiquement, la position d’un trou (en ordonnée) indique quelle note doit être jouée, et la longueur de ce trou (en abscisse) la durée de cette note (noire, blanche, croche...).

Donc, lorsque la manivelle tourne, elle fait avancer la feuille dans l'orgue, et en fonction des trous, envoie l’air des soufflets dans le(s) tuyau(x) correspondant(s) pendant le(s) temps correspondant(s), produisant les notes souhaitées. La position suivante donne la ou les note(s) suivante(s) et ainsi de suite.

Ainsi, pour peu que le musicien tourne avec une vitesse constante, la mélodie est parfaitement reconstituée.

En fonction de la sophistication de l’appareil et du nombre de notes qu’il a à sa disposition, la musique qu’il peut jouer est plus ou moins riche et fidèle à l’original, mais bien souvent on peut simplifier un morceau et l’adapter à l'orgue de Barbarie.

Le son rendu peut sembler sommaire voire dissonant, mais il faut bien se rappeler qu’avant l’apparition puis la généralisation des tourne-disques et autres postes de radio, l’orgue de Barbarie constituait le moyen d'accès privilégié à la musique pour des millions de gens.

Via les organistes ambulants qui jouaient dans les foires et autres lieux publics, des mélodies ont ainsi pu circuler dans toute l’Europe et être ensuite reprises par d’autres musiciens. Certains compositeurs ont d'ailleurs déclaré que leurs morceaux ont touché les masses grâce à cet instrument.

Pour finir, on ne sait pas grand-chose sur l’origine du nom lui-même. Est-ce une façon de mépriser son côté populaire en l’opposant à la musique réellement jouée dont profitait seulement l’élite ? Cela vient-il comme le dit la légende d’un fabricant italien nommé Barberi ?

La seule chose dont on est sûr, c’est que ça n’a aucun lien avec les côtes de l’Afrique du nord, comme j’ai pu le croire au début.

Quelques liens sur le sujet :
- très intéressante vidéo d’un organiste

lundi 9 décembre 2013

La tête ou la main?

Le général Aussaresses est mort cette semaine.

Ce personnage peu ordinaire et son parcours m’ont inspiré le post d’aujourd’hui.

Aussaresses était un soldat, présent sur tous les terrains où la France s’est battue au XXième siècle : Résistance, Indochine, Algérie…

Extrêmement décoré, doté d’un grand courage physique, il est surtout connu pour son rôle dans la sinistre Bataille d’Alger(*), où il reconnaît avoir participé à la mise en place d’escadrons de la mort et aux opérations de police musclées pendant lesquelles la torture était essentielle.

Il a sous-entendu avoir été à l’origine de l’exécution sommaire de Larbi Ben M’hidi dans sa cellule à cette époque-là.

Contrairement à tant d’autres, le général n’a jamais rien renié et tout assumé, soulignant bien qu’il n’avait rien fait de son propre chef mais toujours agi avec l’aval de sa hiérarchie et des instances politiques de l’époque.

Cette constance ainsi que l’affirmation qu’il considérait qu’on avait eu raison de suivre cette politique lui ont valu une amende pour apologie de crimes de guerre, ainsi que sa radiation de la Légion d’Honneur par le président Chirac.

Toutes proportions gardées, on peut rapprocher son cas de celui de Joseph Darnand.

Celui-ci était également un homme d’action, un héros décoré des deux guerres mondiales . Après la Libération, l'écrivain Georges Bernanos dira que s’il y avait eu plus de Darnand en 1940, il n’y aurait pas eu de miliciens en 1944.

Mais Darnand est surtout resté dans l’Histoire comme le chef de la sinistre Milice de l’État français.

Lui aussi n’a jamais renié ce qu’il a fait.

A la fin de la guerre, lâché par un Pétain retors inquiet des revers allemands, il ne se priva pas de lui rappeler qu’à une époque celui-ci avait moins de réticences à le fréquenter et l’invitait même à déjeuner.

Et devant le peloton d'exécution il entonna encore le chant des cohortes, hymne de la Milice, avant d'expirer.

Ces deux personnages ne sont pas exactement sympathiques, mais tous deux nous posent une question essentielle.

Qui faut-il condamner, la tête ou la main ?

Le pouvoir qui a créé la Milice, le parlement qui a voté les pleins pouvoirs à l’armée en Algérie sont-ils plus ou moins condamnables que ceux qui ont mis les mains dans le cambouis (et en l’occurrence dans le sang) ?

Faut-il cracher sur ceux qui mettent « leur peau au bout de leurs idées », pour reprendre le titre de la biographie de Pierre Sergent, autre personnage sulfureux de la guerre d'Algérie, ou plutôt sur ceux qui disent ce qu’il faut faire de loin, depuis un bureau feutré et protégé où les conséquences de leurs actes ne les atteignent pas ?

Sans minimiser la gravité des horreurs perpétrées par Aussaresses, Darnand et consort, il me semble en tout cas bien facile d’en faire les boucs émissaires, dédouanant par leur condamnation tous ceux qui ne se sont pas directement salis sur le terrain en prenant les risques mais qui ont donné les ordres.

Je terminerai mon article par une petite citation de Paul Valéry que j’aime bien et qui va à merveille avec ce post : « Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s’entretuent parce que d’autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d’accord. ».







(*) Le film éponyme de Pontecorvo est absolument à voir.

Ce film coup de poing fut tourné dans l’Algérie fraichement indépendante par un cinéaste engagé et avec le soutien du révolutionnaire Yacef Saadi, qui fut lui-même l'un des acteurs de cette lutte à mort.

Factuel, douloureux, exposant les théories appliquées sans faire l’impasse sur les ambiguïtés des uns et des autres, il reste une œuvre majeure et bien des scènes en sont marquantes.

Ironie du sort, le réalisme de ce film dénonciateur en a fait un objet d’études pour les écoles militaires du monde entier (on rapporte que Georges Bush Jr l’aurait visionnée avant l’invasion de l’Irak).

vendredi 22 novembre 2013

La Sainte Sous-Traitance (2): Dérives

Dans le précédent post, j'ai évoqué l'irrésistible essor de la sous-traitance mondialisée qu'a connu le monde ces dernières années. Dans cet article je vais parler de la face sombre du phénomène.

Sous-traitance "idéologique"

L'appel d'air financier et la souplesse donnée par l'externalisation a entrainé ce qu'on peut considérer comme une sous-traitance idéologique: pour certains, sous-traiter semble être devenu une sorte de panacée servie à toutes les sauces.

On externalise des pans entiers du cœur de métier de l'entreprise, confiant à des prestataires des fonctions stratégiques, notamment dans le SI des entreprises, délégant la gestion de ses pièces essentielles et de la matière grise associée à des acteurs extérieurs.

On externalise pour baisser les coûts, mais aussi, du moins en France, pour préserver les statuts de ceux qui sont "en fixe", de la même façon qu'on a recours à l'intérim.

Ce petit calcul fait cohabiter au sein des entreprises deux populations, les internes et les externes, qui font censément le même travail, mais pour des salaires et dans des conditions radicalement opposées.

Et cette course un peu folle n'épargne pas les états, qu'ils l'assument pleinement ou qu'ils le fassent en catimini. Même les sous-traitants un peu gros ont recours à la sous-traitance, engageant à leur tour des prestataires plus petits ou des indépendants.

Confusions des genres et conflit d'intérêt

La sous-traitance est une bonne chose quand elle est faite avec mesure et discernement.

Confier le gardiennage ou la restauration de son site à une entreprise connue, faire assurer le développement de son SI par des spécialistes, mutualiser son secrétariat a du sens. On est dans un échange client-fournisseur classique, du donnant-donnant économiquement intelligent.

Par contre, donner le pilotage de son SI à des externes, sous-traiter sa R & D à un tiers ou pallier à ses propres blocages RH en reportant la pression sur un fournisseur est dangereux pour une entreprise.

En faisant ça, elle perd le savoir, elle perd le contrôle, elle perd ce quelque chose de moins quantifiable et de plus diffus qu'on appelle la culture d'entreprise et qui fait aussi sa richesse.

Ça fait un peu cliché de parler de capital humain, mais c'est une réalité.

Dans une mutuelle où je suis passé comme chez EDF où travaille un de mes amis, les internes qui avaient connu l'avant sous-traitance ont acquis une connaissance et une expérience énorme et sous-estimée, que le turn over des prestataires ne pourra jamais remplacer, a fortiori si ceux-ci travaillent à distance.

Et en cas de problème sérieux, il arrive qu'on aille piteusement les rechercher dans leur placard ou leur retraite, car ils sont les seuls à avoir suffisamment de recul et de connaissance pour le résoudre.

Autre point important, un prestataire n'a pas son client comme employeur. Son investissement dans la mission ne va donc pas avoir d'effet direct sur sa propre fiche de paye, sur sa carrière.

En conséquence,ses intérêts ne sont donc pas les mêmes que son client, envers lequel il n'a ni la même loyauté ni la même responsabilité que ceux que ce dernier a directement embauchés.

J'ai souvent vu des "internes" se plaindre de la non implication des prestataires, de leur je-m'en-foutisme, voire leur déloyauté.

Ce comportement est pourtant parfaitement logique et c'est la rançon de la sous-traitance poussée à l'extrême.

Perte de responsabilité

Une autre conséquence, à mon avis encore plus grave que cette divergence d'intérêts, c'est la dilution de la responsabilité.

Quand vous avez sous-traité une fonction importante de votre entreprise à un tiers, parfois soumis à un droit du travail différent, qui lui-même emploie d'autres sous-traitants dont vous ignorez ou non l'existence, que se passe-t-il en cas de problème? Qui est responsable?

On en arrive ainsi aux polémiques sur les enfants travaillant chez les sous-traitants asiatiques d'Apple ou de Nike, sur les clandestins employés par des sous-traitants de niveau 2, 3 ou plus du bâtiment, du gardiennage ou du ménage, aux pratiques louches des banques de niveau 3 dans les montages financiers de blanchiment de l'argent et tutti quanti.

J'ai habité à côté d'une entreprise de nettoyage qui employait des Africains sans papier, lesquels travaillaient parfois depuis des années.

A l'occasion d'une grève, on a découvert qu'elle les envoyait jusque dans les collectivités locales, voire des ministères (!)

Je me souviens aussi d'un scandale lorsqu'on découvrit qu'une partie des ouvriers travaillant sur le chantier d'une gendarmerie étaient dans l'illégalité.

Sans aller jusqu'à ces exemples un peu particuliers, dans le cas d'un service non rendu correctement par un fournisseur utilisant plusieurs niveaux de sous-traitance, la réparation/correction ou le paiement des dommages et intérêts pourront se révéler très longs, voire kafkaïens, chacun se renvoyant la balle.

Bien sur, ce flou peut être un choix cynique qui débarrasse le commanditaire final de sa responsabilité en la sous-traitant en même temps que le "sale boulot"...

En revanche, la défaillance d'un sous-traitant impacte tous ceux qui l'emploient, que ce soit en terme financiers ou en terme d'image.

Du coup, les économies faites en sous-traitant peuvent être englouties par un scandale. On pense à la récente affaire de la viande de cheval pour Findus.

Et il y a d'autres exemples encore pires, comme le souligne cet article qui va dans mon sens et dont je trouve le libellé très pertinent.

Dilution des fonctions régaliennes

Parmi toutes les dérives que je trouve éminemment inquiétants, il y a enfin la sous-traitance des fonctions régaliennes de l'État, à commencer par la sécurité.

De plus en plus, en effet, les gouvernements emploient ce qu'on aurait appelé autrefois des mercenaires pour épauler leur police ou leur armée.

J'ai lu qu'en Hongrie, la police travaillait énormément avec des policiers sous contrat privé, le rapport étant quasiment de un pour un (ma source date un peu, mais l'idée est là).

Lors de l'opération qui a abouti à la destruction de l'armée de l'air ivoirienne par la France, des soldats privés ont été signalés par les journalistes ivoiriens.

Leur utilisation a été encore plus flagrante lors de la deuxième guerre en Irak, où en additionnant le nombre de combattants sous contrat privé on arrivait à un effectif supérieur à celui de l'armée britannique, ce qui faisait de ces mercenaires la deuxième force sur le terrain en terme d'hommes.

Cet emploi de sous-traitants, généralement pour des missions dangereuses de gardiennage ou de convoyage, présente l'avantage politique indéniable de faire baisser les statistiques de morts au combat, puisque les mercenaires tués en service n'apparaissent pas dans les listes. Mais les risques de bavure sont bien réels.

Aux USA, ce sont également des acteurs privés qui gèrent une bonne partie des prisons. On n'ose imaginer les dérives de ce business, dont le développement et la pérennisation nécessitent qu'on incarcère un maximum de gens.

Enfin, dans les fonctions régaliennes sous-traitées, il y a la gestion des centrales nucléaires, équipements sensibles financés par l’État et relevant de l'indépendance énergétique d'un pays.

Tout dysfonctionnement dans ce domaine a des conséquences désastreuses, comme on peut le constater au Japon, et l'externalisation de ces fonctions pose un problème évident.

En conclusion, tout cela semble confirmer l'idée que nous vivons bien, comme le disait Gilles Bridier dans son article, une bulle de la sous-traitance, système qui à l'instar de la finance, est utile et bénéfique, mais s'est dangereusement emballé ces derniers temps, pour parfois tourner à vide.

Les bulles sont censées finir par éclater, espérons que celle-ci le fera sans trop faire de mal.

Livres (4): De l'autre côté de l'eau

Parmi les livres qu'on lit, il y a ceux des auteurs ou des genres auxquels on est fidèle, il y a ceux qui ont trait à un pays ou à une époque que l'on aime, et puis il y a les OVNI, ceux qu'on ne sait pas où ranger, qui n'entrent dans aucune case prédéfinie.

De l'autre côté de l'eau, de Dominique De La Motte fait partie de cette dernière catégorie.

Ce livre est le journal, écrit plus de cinquante ans après les faits, d'un officier de l'armée française en Indochine. Dit comme ça, on imagine le livre pontifiant, colonialiste, avec des chiffres et des batailles...

C'est exactement le contraire.

Tout d'abord un petit point de contexte.

L'Indochine française regroupait les états actuels du Cambodge, du Laos et du Vietnam, alors lui-même découpé en trois entités: Tonkin, Annam et Cochinchine. Les statuts de ces territoires étaient variés, allant d'une colonie directement administrée au protectorat.

Conquise progressivement durant la deuxième moitié du XIXième siècle, l'Indochine était, avec l'Algérie, le fleuron de l'empire français.

Contrôlées par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, ces colonies déclarèrent leur indépendance après le retrait des troupes nippones, qui décimèrent brutalement l'administration française avant de partir.

La France refusa et dès la Libération envoya un corps expéditionnaire reprendre le contrôle de ces territoires, la restauration de l'empire paraissant à beaucoup comme une condition sine qua non pour que le pays reprenne son rang.

Commença alors un long conflit sur fond de guerre froide, les USA finançant largement l'effort français, la Chine populaire et l'URSS soutenant massivement le Viet Minh. Il ne prit fin côté français qu'en 1954, avec les accords de Genève.

C'est dans le cadre de cette longue et sale guerre que le tout jeune Dominique De La Motte s'est vu attribuer la responsabilité d'un poste isolé gardé par des auxiliaires indigènes.

De l'autre côté de l'eau décrit cette expérience, qu'au soir de sa vie l'auteur considère avoir constitué l'apogée de sa carrière, voire de son existence.

Ce livre de souvenirs m'a fasciné parce qu'il sonne vrai. L'auteur ne ment pas, n'enjolive pas, ne noircit pas, semble simplement vouloir nous raconter sans fioritures ce moment de sa vie.

On le sent également sincère sur ce qu'il était, un Français catholique, attaché à la mission de l'armée française et de son pays, sans être pour autant convaincu d'une supériorité intrinsèque de sa "race" sur les indigènes, et cherchant l'aventure sans a priori ni avis définitif.

Simplement et directement, il raconte sa rencontre avec son poste, où il était le seul blanc, son renoncement rapide à apprendre la langue en voyant que le ridicule de ses difficultés nuisait à son autorité, puis son adaptation toute pragmatique à la mentalité des différentes ethnies qu'il allait côtoyer.

Concernant ses hommes, il en parle avec respect et curiosité.

Il cite par exemple une discussion avec eux sur leurs croyances et religions respectives sans en tirer de conclusion définitive ou d'idée dé supériorité.

A contrario, il note chez le Chinois qui travaille pour lui un très fort complexe de supériorité, vis-à-vis de toutes les non Chinois, blancs inclus.

Dans le même ordre d'idée, il raconte ses démêlées avec le planteur qu'il est censé protéger puisqu'il est dans son secteur.

Celui-ci le prend du haut de sa morgue coloniale et lui fait des menaces à peine voilées, mais il parvient à le remettre à sa place sans se renier.

De La Motte cite aussi les moqueries qu'inspirent ses états d'âme à un homologue marocain qui tient un poste indigène du même genre en y faisant régner l'ordre sans se poser de questions.

Ce respect sans jugement ne le rend pas pour autant dupe ou naïf sur ses rapports avec les indigènes.

Il raconte s'être drogué tout le temps de son affectation afin de ne quasiment pas dormir et ainsi ne pas être pris en défaut.

Pour garder la distance nécessaire à son office, il refusait également de prendre une congaï, ainsi qu'on appelait les concubines indigènes d'à peu près tout le personnel européen de la colonie.

Il explique aussi que ses troupes avaient la propension à changer facilement de camp et que pour en obtenir des résultats, il devait tisser un lien personnel de sujétion avec eux.

Et pour créer ce lien, il lui fallait rendre la justice et représenter l'autorité sous toutes ses formes, y compris lors de querelles domestiques. rôle difficile mais indispensable pour rester crédible. Il devait aussi s'attacher à payer, et à bien payer, ses troupes.

Il décrit aussi les combats imprévisibles et violents où il oppose ses soldats à un ennemi non identifiable et qui leur ressemble.

Enfin, il nous parle de la relation difficile avec une hiérarchie méfiante, versatile et appliquant tant bien que mal des politiques erratiques et contradictoires.

Quand ce livre se clôt, on reste songeur sur cet épisode oublié de notre histoire récente.

La sincérité de cet homme qui a fait de son mieux pour une tâche qu'il savait un peu absurde et qui a été marqué à vie par cette expérience est presque dérangeante.

De fait, ce n'est ni une apologie datée ni une condamnation convenue du colonialisme. On ne sait pas vraiment ce qu'il en pense et on a l'impression que là n'est pas la question.

De l'autre côté de l'eau est en fait un simple compte rendu de la naissance d'un homme à lui-même dans situation historique particulière, avec des acteurs qui ne sont ni les bons ni les méchants, juste des hommes. 

Cela rend ce témoignage d'autant plus fort.

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La Sainte Sous-Traitance(1): Développement

Aujourd'hui je parlerai d'une tendance lourde qui a touché en profondeur l'économie de ces dernières années: le recours de plus en plus large à la sous-traitance.

Cette pratique, aussi vieille que le business lui-même, s'est en effet récemment et massivement étendue à l'économie tertiaire.

Par ailleurs, cet élargissement du champ de la sous-traitance se caractérise également par un recours plus fréquent à l'étranger.

La combinaison de ces deux aspects a des conséquences importantes sur nos sociétés, et remet en cause le schéma qui avait longtemps prévalu.

Jusque-là, on disait en effet que les économies des pays développés devaient se tertiairiser pour compenser les pertes de marché et d'emploi dans les deux premiers secteurs de l'économie, discours qui est maintenant à revoir.

Dans cette série de posts, je vais détailler ces tendances, leur historique et leurs impacts les plus marquants.

Définition

Sous-traiter signifie grosso modo déléguer contre rémunération une partie de ses activités à un tiers, qu'il s'agisse d'une personne ou d'une entreprise.

Le modèle ancien de l'entreprise était un peu celui d'une ruche auto-suffisante.

Elle employait des gens pour son coeur de métier, mais aussi pour tout ce qui la faisait tourner par ailleurs.

C'est-à-dire qu'elle avait du personnel pour toutes les activités autres que la production de ce qu'elle vendait.

Il y avait bien sur les services strictement administratifs, comme le secrétariat, la comptabilité, les achats, le courrier.

Il y avait aussi les personnes attachées à rendre d'autres prestations : gardiennage, restauration, maintenance technique puis informatique, parfois infirmerie, crèche, bibliothèque...

Tous ces gens relevaient du même employeur que les ouvriers qui fabriquaient dans le cas d'une usine, que les employés qui géraient les fonds dans le cas d'une banque, que les fonctionnaires qui servaient le public dans le cas d'une administration, etc.

Puis peu à peu est apparue l'idée qu'il était possible de faire des gains de productivité sur ces emplois annexes en les externalisant, de façon à réserver les forces vives de l'entreprise pour ce qui l'enrichissait vraiment ou ce pour quoi elle existait en premier lieu. Les arguments étaient multiples.

D'abord lorsqu'on sous-traite, le temps, l'énergie et les coûts consacrés à la gestion de services en interne se réduisent au choix d'un prestataire et à la signature d'un contrat. Au sous-traitant de gérer le recrutement, la paye, le suivi de carrière, l'hébergement ou la formation de ses employés.

Ensuite, la mise en concurrence de différents prestataires permet de jouer sur les prix et, en cas de mécontentement, de changer de fournisseur sans avoir à gérer de plan social ou d'opération de recrutement.

En effet les sous-traitants, du fait de leur spécialisation et des volumes traités, peuvent faire des économies d'échelle importantes qui se répercutent sur le prix auquel on les paye.

Enfin, le recours à des entreprises spécialisées permet d'utiliser un savoir-faire que l'on n'a pas besoin d'acquérir et pour lequel on ne peut de toute façon pas rivaliser avec elles.

Une demande générant toujours une offre, les entreprises sous-traitantes se sont multipliées et le succès fut au rendez-vous.

Développement

Les premières sous-traitances ont touché les services généraux, comme l'entretien et la restauration.

A mes débuts dans le monde du travail, dans les années 90, je suis passé dans quelques entreprises qui avaient encore leurs propres cantines, gérées par des employés dédiés.

Déjà rares à l'époque, ils ont depuis majoritairement été remplacés par Sodhexo et consorts.

Ceux-ci règnent maintenant en maitre sur les restaurants d'entreprise, leurs gestions de stocks et de personnel sur de très grandes échelles leur permettant d'offrir un meilleur prix et un savoir-faire certain.

J'ai pu voir ce calcul s'appliquer à d'autres fonctions.

Premier exemple, les services informatiques, qui ont pour ainsi dire disparu, suivant un processus en plusieurs phases.

Phase 1: toutes les petites mains de l'entreprise, celles qui réparaient les ordinateurs, dépannaient les utilisateurs, développaient des petits logiciels ou donnaient leur avis sur le renouvellement du parc ont été classées au rayon obsolète.

Phase 2: les exploitants, c'est-à-dire ceux qui faisaient tourner les programmes et supervisaient leur exécution, ont suivi le même chemin.

Phase 3: la sous-traitance a commencé à toucher des postes de management, tels que chef de projet, maitrise d'ouvrage, voire ceux d'un plus haut niveau conceptuel comme la direction informatique.

Tous ces gens ont tout d'abord été remplacés par d'autres personnes, basées dans les locaux de l'entreprise mère, mais salariés et embauchés par l'entreprise sous-traitante.

Ils travaillent "en régie" selon le terme consacré, en faisant peu ou prou le même travail que les employés qu'ils remplacent.

Cette tendance a considérablement élargi le champ d'action des SSII, qui ont remplacé de plus en plus complètement des services informatiques réduits à la portion congrue. Ces entreprises se sont mises à proposer des contrats d'infogérance clés en main et de prise en charge totale de l'informatique de leurs clients.

Le recours à ces sous-traitants, déjà fournisseurs de logiciels pour les entreprises, permet désormais au client de gérer ses creux d'activité, récurrents dans le domaine, et de déléguer la gestion de certaines problématiques, comme la course à la technologie.

Deuxième exemple de secteur complètement restructuré par la sous-traitance, celui du gardiennage.

La plupart des grands sites, cibles récurrentes de vols, d'espionnage ou de malveillances (notamment en ce qui concerne le matériel) ont sous-traité leur surveillance à des entreprises du florissant secteur de la sécurité.

Ces dernières leur fournissent vigiles, modes opératoires et expertise. Nombre d'entre elles ont été fondées par d'anciens gendarmes ou policiers, et les hommes de Securitas se sont taillés la part du lion.

Troisième exemple de sous-traitance très développée, la paye. Cette activité cyclique et spécialisée est de plus en plus souvent laissé à la main d'entreprises spécialisées.

Dernier exemple enfin, la fonction RH. Les cabinets de recrutement ou des entreprises spécialisées sont désormais très régulièrement sollicités dans le cas de campagnes de recrutement ou pour monter un plan social.

Nouvelles technologies

L'explosion d'Internet et le boom fantastique des télécoms ont donné un nouvel élan à la sous-traitance, à la fois au niveau national et au niveau international.

A la base il y a le fait qu'il est aujourd'hui possible de téléphoner, de s'envoyer des fichiers voire de travailler sur un poste distant pour un coût très bas et avec une vraie qualité, que ce soit en termes de temps d'accès ou de volumes traités.

Cette révolution des télécoms a donc fort logiquement entrainé l'apparition d'un nouveau type de sous-traitance, où les deux parties collaborent à distance et peuvent se trouver à des kilomètres l'un de l'autre.

Deux exemples emblématiques.

Les secrétariats virtuels: une entreprise, parfois une simple personne, gère les rendez-vous, la "paperasse" et l'accueil téléphonique pour le compte d'un ou plusieurs entrepreneurs ou professions libérales (par exemple des cabinets médicaux).

Les centres d'appel: pour réduire ses coûts de communication, un employeur regroupe sur un même espace des gens en charge du traitement de toutes les communications pour toutes ses entités. On a vu ce concept se généraliser pour les banques ou les mutuelles par exemple. Les centres d'appel sont souvent gérés par un sous-traitant spécialisé.

Enfin, une nouvelle révolution technologique est en cours dans le secteur informatique: le Cloud computing, c'est-à-dire l'externalisation du stockage et de l'hébergement informatiques: l'entreprise n'a plus de serveur physique, mais paye l'hébergement de ses données et programmes à un sous-traitant.

Mondialisation et sous-traitance à l'étranger

Depuis que le business existe, quand deux magasins similaires s'installent dans une même rue, le meilleur finit par pousser le moins bon à la faillite (la notion de meilleur étant subjective).

Sur la longue durée, il s'est passé la même chose à l'échelle des régions, puis des pays.

L'intégration économique de régions de plus en plus vastes, permise par la baisse des coûts et la sécurisation des transports, a entraîné une mise en concurrence plus importante d'acteurs plus éloignés.

C'est ce phénomène qui est à l'origine des délocalisations, qui ont commencé par toucher l'industrie. Et ce mouvement très ancien s'est encore accéléré avec la fin des régimes communistes et l'ouverture de la plupart des pays à économie planifiée.

Mais les exemples d'usines emblématiques fermant en France pour rouvrir en Asie ou en Europe de l'est cachent le fait que ce phénomène s'est produit de manière encore plus marquée pour leurs sous-traitants.

En effet, quand Renault prend un sous-traitant chinois à la place d'un sous-traitant de Montpellier, celui-ci risque de fermer, en toute discrétion. Idem pour tout un tas d'acteurs essentiels qui travaillent en amont d'un fournisseur.

La conjonction de cette ouverture et des nouvelles technologies a permis d'élargir cette tendance au monde des services.

En effet, il est désormais simple de mettre en contact des entreprises tertiaires du monde occidental avec des sous-traitants au coût imbattable, notamment dans des pays où la formation est bonne et la main-d’œuvre à bas prix.

On ainsi vu une bonne partie des entreprises de services suivre le chemin de l'industrie et quitter les pays développés pour l'extérieur.

Au premier rang de ce mouvement on retrouve la téléphonie. Les centres d'appel sont ainsi massivement partis, en Inde pour le monde anglo-saxon, en Afrique pour le monde francophone.

L'informatique a bien sûr été également touchée, avec le début de la sous-traitance des développements à l'étranger.

Dans ce domaine, c'est l'Inde qui a pris le leadership, à la fois à cause de la langue anglaise et de son niveau de formation.

Mais le Maghreb ou l'Europe de l'est ont également trouvé leur place, leurs ingénieurs bien formés, accessibles en quelques heures d'avion et aux bas salaires étant très attractifs.

Peu à peu, d'autres fonctions administratives ont également été concernées: comptables polonais, gestionnaires de paie slovaques, etc. la liste est longue de toutes les fonctions que l'on a sous-traitées à l'étranger.

Dans le prochain post, j'évoquerai les dérives et dangers de l'extension de cette pratique.

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