vendredi 10 août 2012

Mes familles d'écrivains (2): Djian, Istrati

Ma première famille d'écrivains regroupe les deux auteurs Panait Istrati et Philippe Djian.

Panait Istrati, dont je présente brièvement la vie dans mon article sur la littérature roumaine est un écrivain roumain né au XIXième siècle d'un père grec et d'une mère roumaine dans la ville de Braila .

Ses livres ont une large part d'autobiographie, notamment le cycle des récits d'Adrian Zograffi, qui est en quelque sorte le double de papier d'Istrati.

Adrian est un homme pauvre, orphelin de père aidé par une mère qu'il désespère et dont il déjoue sans cesse les tentatives de le "ranger".

Il est dévoré par le goût de la liberté, de la littérature et de l'errance, sa vie n'est qu'une succession de voyages, de rencontres et de retombées dans la misère.

Conscient de son vice et des limites de ce mode de vie, il continue néanmoins à courir, dénonçant au cours de ses voyages un monde raciste, inégal et à bien des égards sans humanité.

On sent que la valeur suprême est la liberté, liberté vue comme un détachement des choses matérielles, des idées et des rapports inégaux qui régissent la société, comme un appétit insatiable de découverte, de voyage.

On sent aussi que cette liberté a un prix, et qu'il en est conscient, que quelque part il culpabilise même de ses choix.

Philippe Djian, quant à lui, est un écrivain français né à la fin des années 40. Sa jeunesse est remplie de voyages, de petits boulots et de lectures, en particulier de littérature américaine.

Il écrit des livres percutants, dont les histoires brossent des portraits psychologiques de losers, de personnages au bout du rouleau, en marge. Ils sont plein de sexe, de sang, de cafés, de cigarettes et d'alcool, d'autoroutes, de voyages erratiques et d'excès.

Tous ses héros courent après la liberté, enchainent les expédients et les compromis, les petites lâchetés, tous rêvent d'autre chose.

Sa production est à mon goût assez inégale, certains de ses bouquins m'ont laissé une sale impression, que je les trouve trop glauques, trop gratuits ou que je ne rentre pas dans l'histoire, mais de temps en temps j'aime replonge dans cet univers très particulier.

Son livre le plus connu, à cause de son adaptation au cinéma, est "37°2 le matin". Il est vraiment excellent, tout comme la trilogie "Assassins" - "Criminels" - "Sainte Bob".

Je rapproche ces deux auteurs parce qu'ils ont comme point commun de faire des livres inspirés de leur vie et qu'ils mettent en scène des gens insatisfaits, comme la plupart d'entre nous, mais qui ne s'en contentent pas, qui luttent pour une liberté qu'ils savent chimérique et quasiment impossible à atteindre, qui ne se résignent pas à la vie qui leur est promise.

Istrati livre en quelque sorte la version optimiste de cette quête, et Djian la version pessimiste.

Le premier expose des idéaux, se passionne pour la lutte des damnés de la terre, s'enthousiasme pour le communisme naissant, tout en montrant que c'est aussi une aliénation et que ça peut être destructeur (son héros s'excuse presque de ne pas pouvoir adhérer à ce monde en noir et blanc).

Le second est plus nihiliste, dans le registre du "tous pourris", du "on va vers l'abime, autant baiser en chemin".

Je ne les lis que lorsque je suis dans un certain état d'esprit, parce que chacun à leur façon, ils me font réfléchir à des aspects pas forcément très gais de la condition humaine.

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