lundi 6 août 2012

Le théâtre de la formation professionnelle

Il y a maintenant une grosse dizaine d’années que j’ai intégré le monde du travail. Au cours de cette période, j’ai plusieurs fois suivi des sessions de formation professionnelle, qui m’ont inspiré le post d’aujourd’hui.

La formation est un moment particulier de la vie professionnelle. En effet, c'est un passage où la personne qui la suit sort de son contexte habituel, que cette formation ait été souhaitée ou subie.

Se déroulant généralement dans d’autres locaux que ceux où le stagiaire évolue habituellement, elle le met en contact avec des gens de profil, d’histoire et d’employeurs différents, les replonge dans un contexte d’apprentissage et quelque part leur donne l’illusion de remettre les compteurs à zéro, de rebondir.

Je me suis toutefois aperçu que, quel que soit le sujet et le formateur, on retrouve toujours dans ces formations un certain nombre de "stagiaires type" avec des comportements spécifiques.

Le scolaire

J'appelle comme ça le stagiaire qui joue le jeu à fond: il s'investit dans les exercices, prend la parole pour abonder dans le sens du professeur, ponctue le cours en hochant la tête avec insistance, etc. D'après mon expérience, il s'agit plus souvent d'une femme que d'un homme.

Avoir un ou deux scolaires dans sa formation est un gage de réussite: l'ambiance sera bonne, et le cours vivant.

Le chieur

C'est un peu le scolaire, mais à l'envers, dans le sens où il va intervenir pour contredire le professeur, lancer des polémiques stériles en jouant sur la forme des phrases, couper les cheveux en quatre, réduire le contenu de la formation à ses inévitables lacunes ou contradictions (c'est surtout vrai dans le cas de formation de gestion, de méthode ou d'organisation).

Parfois très nuisible, il peut pourrir une formation si l'intervenant ne sait pas y mettre bon ordre et le cadrer.

Le "Moi, je"

Variante du chieur, il s'agit du stagiaire qui ramène systématiquement tout à sa propre expérience.

Égocentrique ou sincèrement traumatisé, il se la joue plaintif et semble incapable de prendre du recul ou de penser en termes généraux. En permanence, il va tenter de ramener le sujet de la formation à ce qu'il vit dans son projet, qu'il y ait ou non un rapport entre les deux.

S'il arrive à focaliser l'attention de l'intervenant, lui aussi peut faire capoter la formation.

Le blasé condescendant

Ce stagiaire-là se fait chier dans cette formation.

Qu'il la suive contre son gré, qu'il considère qu'elle ne soit pas de son niveau, qu'il pense mériter mieux ou maitriser le sujet bien plus que le guignol qui s'agite au tableau, il va en tout cas le faire savoir.

Pour cela, il va multiplier les poses vaguement méprisantes et les demi-sourires entendus, va faire montre d'un irrespect ostentatoire des conventions (retard systématique sans excuse, jeu sur son téléphone...).

Il pourra aussi aller jusqu'à prendre la parole pour faire quelques remarques dédaigneuses.

La meilleure façon de s'en prémunir est de l'ignorer, car contrairement au chieur ou au moi je, il ne s'abaisse pas forcément à intervenir, et en tout cas ne se bat pas pour si peu.

Le silencieux

Enfin il y a les discrets, les silencieux, ceux qui ne disent rien, restent muets pendant tout le temps de la formation, quelles que soient les raisons de ce silence (timidité, manque d'assurance, désintérêt ou autre). Le plus souvent, les silencieux sont plutôt des hommes.

Il y en a presque toujours un ou deux par séance. Une majorité de silencieux finit par tuer la formation, qui se résume alors à un cours magistral.

Naturellement, tout n'est pas aussi tranché, et chaque stagiaire peut être un mix de tout cela. Mais c'est vrai que j'ai rencontré ces archétypes dans la plupart des formations que j'ai pu suivre.

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