vendredi 12 mars 2010

Orthodoxes et schismatiques (2) - Le judaïsme

Le judaïsme est la plus ancienne et la première des religions "abrahamiques", et le premier vrai monothéisme.

Il est censé avoir été élaboré par un long dialogue entre Dieu et des prophètes (dialogue transcris dans la Bible), le plus important étant Moïse, celui qui reçut les tables de la loi.


Cette religion a connu une évolution particulière du fait qu'elle a quasiment toujours été minoritaire, et à ce titre très souvent persécutée, qu'elle a très peu connu le prosélytisme (les historiens ne sont cependant pas d'accord là-dessus), qu'elle est liée à la notion de "peuple élu" et qu'elle a longtemps été pratiquée par une diaspora dont les éléments n'arrivaient pas ou peu à communiquer entre eux.

Ces circonstances particulières ont entraîné une profonde division dans le judaïsme, et l'apparition de branches déviantes sur le tronc commun.

Grosso modo, le monde juif moderne est découpé en plusieurs branches, liées à un contexte historique et géographique.

1. Les ashkénazes

Situés jadis en Europe, les ashkénazes ont vu leur centre de gravité basculer après la Shoah vers les États-Unis et de plus en plus vers Israël.

Leur origine est assez controversée, leur type physique européen suggérant toutefois un fort apport des communautés extérieures et donc des conversions.

Les ashkénazes ont des rites qui leur sont propres, et de nombreuses branches du judaïsme en sont issues, notamment les mouvements orthodoxes, tels que les hassidims.

L'influence européenne la plus spectaculaire sur la culture religieuse ashkénaze reste le vêtement des orthodoxes, qui est en fait l'ancien costume de la noblesse polonaise.


Il est à noter qu'une langue soudait jadis cette communauté: le yiddish, qui s'écrivait en caractères hébraïques mais se basait sur l'allemand. Elle est aujourd'hui détrônée par l'hébreu, et semble vouée à la disparition.

2. Les séfarades

Cette communauté, la deuxième du monde judaïque, est issue des juifs de l'Andalousie arabe, région où ses membres s'étaient installés en suivant les conquérants musulmans, avant d'en être expulsés par les rois catholiques.

Suite à cette expulsion, les séfarades se sont éparpillés dans le maghreb et l'empire ottoman (avec quelques enclaves en Europe, notamment aux Pays-Bas), avant que la création d'Israël et les mouvements de décolonisation ne les poussent à s'installer en Israël ou en Europe (ils sont nombreux en France).

3. Les mizrahim

Cette communauté désigne les juifs orientaux, c'est-à-dire ceux restés au moyen-orient après la chute du royaume biblique d'Israël, auxquels on ajoute ceux d'Iran ou du Caucase.

Proche de celui des séfarades, leur rite est toutefois différent. Aujourd'hui ils se trouvent quasiment tous en Israël.

4. Groupes judaïsants

Au-delà de ces trois grandes communautés existent des groupes se réclamant du judaïsme, mais que l'éloignement et l'isolement ont "abâtardis" au point qu'ils ne sont pas forcément considérés comme tels par Israël et les instances religieuses de référence. En voici quelques exemples:

- les juifs de l'Inde

En suivant des routes commerciales, des juifs s'étaient installés en Inde, où la culture endogame leur permit de survivre à l'assimilation. La cohabitation avec les religions majoritaires modifia cependant profondément leurs rites, avec notamment l'apparition de la notion de castes chez certains d'entre eux.

Si une partie d'entre eux fut reconnue juive et émigra en Israël, un certain nombre de communautés aux rites hybrides, comme les Bnei Menashe et les Bene Ephraim, continuent à susciter la polémique.


- les juifs d’Éthiopie

Un ensemble de communautés éthiopiennes affirment descendre directement du roi Salomon et de la reine de Saba.

Ayant vécu de manière très isolée, leur judaïsme présente de nombreuses particularités, qui les font considérer avec méfiance par le reste de la communauté juive mondiale et par Israël. On les désigne souvent sous le nom de "falashas", un terme considéré par eux comme péjoratif.

Deux autres communautés un peu marginales peuvent être notées:

- les samaritains

Présents en Israël et en Palestine depuis des siècles, ils se considèrent comme les vrais juifs, pratiquent l'endogamie (ce qui, vu leur faible nombre, pose de nombreux problèmes de santé chez eux) et rejettent une partie importante de la bible hébraïque et des traditions juives modernes.

S'ils sont reconnus comme juifs par le gouvernement israélien, ils ne le sont pas par une grande partie des communautés juives, qui s'appuyant sur leur propre tradition, les considère comme des Gentils installés en Palestine après leur déportation.

- les karaïtes

Née dans l'empire des tsars, le karaïsme est une version du judaïsme qui rejette également une partie de la bible hébraïque et qui a sa propre vision en ce qui concerne la tradition et nombre de points de doctrine.

Le rejet des traditions orales et des rites pour se recentrer sur le seul texte sacré (le tanakh), ainsi que la tendance des karaïtes à favoriser l’exégèse personnelle de ces textes (ce qui entraine une multitude d'écoles) peut les faire voir comme les protestants du judaïsme. Il semble qu'après une époque de grand succès au sein de la communauté juive, ils soient désormais marginaux.

Il est à noter qu'une partie des karaïtes, présents dans l'empire russe, se sont considérés et furent considérés par les autorités comme non juifs. Ils revendiquaient être un peuple d'origine turque, et à ce titre eurent un statut particulier. On trouve des descendants de ces karaïtes à Trakai, en Lituanie.

Le reste de la communauté karaïte se répartit entre Israël et les Etats-Unis.

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